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►Au cours de l’année 1979, nous attendions, à La Pêcherie, un petit cargo grec pour débarquer du matériel militaire à la Baie des Carrières (destiné à un organisme soutenu par notre Gouvernement). Il n’y avait pas de pont barrant le canal, à cette époque. Notre station d’écoute du trafic radio du port de Bizerte me prévient que, sur ordre de la Direction du Port de Bizerte, relevant de l’OPNT (aujourd’hui : OMMP, Office de la Marine Marchande et des Ports), le cargo ne pouvait pas entrer et devait passer la nuit au mouillage en rade. Contacté, le Directeur du Port (un certain Ben Mna, à qui j’avais déjà eu affaire lors d’événements de pollution, dont je parle dans ma publication Lutte Polmar en Tunisie) me déclara, en substance : « Le port de Bizerte n’assure aucun pilotage du coucher au lever du soleil, et donc, en tant qu’autorité portuaire, je ne peux autoriser l’entrée du cargo. D’ailleurs, les pilotes, les lamaneurs et les équipages des remorqueurs ont déjà quitté les lieux, et votre cargo ne pourra entrer que demain matinée ». Cette situation était d’autant plus ennuyeuse qu’il aurait fallu : démobiliser l’équipe du déchargement du navire pour la rappeler le lendemain, ainsi qu’assurer la protection en rade du cargo (car il était dans notre mer territoriale ). Courroucé, je lui rétorquai en substance : « Vous n’êtes qu’autorité portuaire. En tant qu’AUTORITE MARITIME la Marine ordonne que le cargo accoste dans l’heure à la Baie des Carrières. Pour soulager votre organisation, elle envoie un pilote militaire, et renonce à requérir vos remorqueurs et pilotines. ». En réponse à une question, je lui confirmai que la Marine prenait l’entière responsabilité de l’opération, et que j’étais disposé à lui adresser un courrier en ce sens (ce que je fis, d’ailleurs). J’ajoutai que je l’autorisai à facturer les frais du pilotage à l’agent du navire (il était, en effet, inutile d’attirer l’attention sur ce disfonctionnement manifeste ). Le cargo entra sans problème et le déchargement se déroula comme prévu initialement (le capitaine du cargo ne sut jamais que son pilote était le sous-chef d’état-major de la Marine, car j’avais pris soin de mettre une tenue dépouillée). Dans le compte-rendu adressé au ministre, j’insistai sur la nécessité d’éditer une loi réglementant cette question, mais le Ministre ayant été remplacé l’année suivante, juste avant mon départ de la Défense nationale, le chantier ouvert à la Direction Juridique fut arrêté et, à ma connaissance, ce problème dure toujours en 2016.

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